Devil May Cry 6 : Dante et Vergil en enfer ?

Vers un retour aux sources inspiré de la Divine Comédie ?

Depuis la conclusion spectaculaire de Devil May Cry 5, l’avenir de la licence semblait se diriger naturellement vers Nero. Pourtant, une autre possibilité continue de passionner une immense partie des fans : un Devil May Cry 6 centré sur Dante et Vergil, désormais piégés en enfer. Ce choix ne se limiterait pas au simple retour de deux personnages iconiques, il offrirait à Capcom l’opportunité de renouer avec l’identité profonde de la saga.

Honnêtement un tel scénario permettrait d’explorer enfin des éléments fondamentaux que la série n’a jamais pleinement développés : la mythologie des enfers, l’ascendance démoniaque des frères Sparda et l’inspiration originelle de la franchise, La Divine Comédie. Depuis plus de vingt ans, Devil May Cry évoque l’enfer sans réellement le montrer, se contentant de fragments visuels abstraits ou d'une dimension alternative nous laissant nous en tant que fan sur notre faim. Un sixième opus se déroulant majoritairement en enfer donnerait enfin de la substance à cet univers, en le présentant comme un lieu structuré, doté d’une géographie identifiable, d’une culture démoniaque, d’une hiérarchie politique et de rivalités internes. L’enfer serait enfin perceptible.

Une telle approche transformerait profondément le coté mythologie de la licence. Elle permettrait de répondre à des questions que nous nous posons depuis le premier opus : pourquoi Sparda a-t-il trahi les démons ? Quel rôle occupait-il réellement dans leur société ? Qui étaient ses alliés, ses opposants, ses rivaux ? En plaçant Dante et Vergil au cœur de cet environnement, DMC6 pourrait révéler les racines de cette rébellion et offrir enfin une vision claire du passé de leur père.

Dante et Vergil : une exploration psychologique enfin possible

Un environnement infernal en corrélation avec les origines de Dante et Vergil offrirait également une opportunité unique d’explorer leur relation sous un angle plus intime et plus mature. Jusqu’ici, leur dynamique a longtemps reposé sur une opposition simple: Dante, le chasseur désinvolte et protecteur des humains, face à Vergil, le frère froid obsédé par la puissance. Devil May Cry 5 a commencé à nuancer cette opposition mais la série n’a jamais véritablement abordé les conséquences profondes de leurs choix ni sur leurs origines.

En enfer, les deux frères seraient confrontés à leurs propres démons, au sens propre comme au figuré. Dante pourrait être forcé d’affronter la nature même de ce qu’il combat depuis toujours, tandis que Vergil serait confronté à l’origine de son obsession de pouvoir. Leur survie dépendrait probablement de leur capacité à coopérer, non par commodité narrative mais par nécessité absolue, créant un terrain dramatique inédit.

L’enfance : le manque le plus important de la saga

C’est ici que Devil May Cry 6 pourrait devenir l’un des épisodes les plus importants de la licence. Depuis le premier jeu, l’enfance de Dante et Vergil n’a jamais été montrée directement. Les joueurs connaissent l’assassinat d’Eva,le siège de leur maison par les démons, la séparation brutale des deux frères et leur survie dans des environnements différents. Pourtant, ces événements n’ont jamais bénéficié d’un traitement narratif approfondi.

L’enfer pourrait servir de déclencheur à des visions, des illusions ou des manifestations psychologiques permettant de revisiter cette période. On pourrait enfin découvrir la relation fraternelle qu’ils entretenaient avant le drame, leurs personnalités étant enfant, leur lien avec leurs parents et les premières influences démoniaques qui ont façonné Vergil. Nous sommes même dans la possibilité de voir ce que Vergil à subi après son affrontement avec Mundus après être tombé en enfer à la fin de DMC3. Cette exploration donnerait une puissance émotionnelle immense à l’histoire, car elle permettrait de comprendre non seulement ce qu’ils sont devenus mais pourquoi.

Ce serait également l’occasion d’en apprendre davantage sur Sparda. Jusqu’à présent, il est présenté comme une figure abstraite : le légendaire démon qui a trahi son royaume pour protéger les humains. Mais son rôle de père, ses motivations réelles, la nature de son amour pour Eva et son implication dans l’éducation de ses fils restent flous. DMC6 pourrait montrer un Sparda plus humain, peut-être tiraillé entre son devoir et sa famille. Ou alors en opposition directe avec d’autres puissances venant des enfers comme les Princes ou bien Mundus. Une telle révélation donnerait une profondeur nouvelle à l’univers.

Une utilisation intelligente de la Divine Comédie

Devil May Cry a toujours affiché une influence superficielle de la Divine Comédie. DMC6 pourrait enfin donner un sens véritable à cette référence en faisant descendre Dante à travers différents niveaux des enfers, chacun reflétant un aspect de son identité ou de son passé. Ou bien voir Vergil endosser un rôle similaire à Virgile malgré lui serait une ironie narrative que je trouve amusante et offrirait une cohérence symbolique exceptionnelle.

Dans ce cas chaque niveau de l’enfer pourrait incarner une étape de leur évolution personnelle, transformant le level design en miroir psychologique. Une telle approche donnerait à l’aventure une profondeur comparable à celle de jeux comme Nier Automata ou Elden Ring, où le monde raconte autant que les dialogues.

Un retour aux sources bienvenu : gothique, horreur, exploration

Depuis Devil May Cry 3, la série s’est éloignée de son esthétique horrifique pour privilégier une action plus spectaculaire. DMC6 pourrait rééquilibrer cette tendance en renouant avec le ton sombre et gothique du premier opus. Un enfer labyrinthique, oppressant, chargé de tension et d’architecture écrasante permettrait de retrouver cette atmosphère culte. Et cela tout en profitant de la puissance visuelle du RE Engine démontrée une fois de plus après la release des bandes-annonces de Resident Evil Requiem.

Ce retour ne serait pas un simple hommage nostalgique mais une réponse à une attente réelle du public : retrouver cette combinaison unique d’action stylisée et d’horreur élégante qui a forgé l’identité de Devil May Cry.

Le gameplay : la rivalité comme moteur sous l’ADN DMC.

Je pense que si Capcom décidait de centrer Devil May Cry 6 sur Dante et Vergil, la meilleure approche selon moi ne serait pas de proposer deux campagnes séparées ou un système de coopération, déjà explorés dans les éditions spéciales précédentes. Ce serait au contraire de faire de leur rivalité le cœur du gameplay, non plus comme un élément narratif ponctuel(combat fratricide) mais comme une mécanique influençant directement l’aventure. Le joueur incarnerait alors l’un des deux frères, tandis que l’autre évoluerait en parallèle dans l’enfer, modifiant l’environnement, les affrontements et la progression. Un boss déjà affaibli, une zone dévastée ou un chemin bloqué autant de traces de son passage. 

Le jeu ne proposerait pas un choix artificiel de campagnes utilisant les mêmes niveaux sans les renouveler. Mais une compétition constante et indirecte, où la présence du rival se ressentirait à chaque étape et cela sans jamais transformer Devil May Cry en titre coopératif ou hybride. Contrairement aux spéciales éditions où le joueur avait accès à 2 campagnes abordant certaines similarités, là Dante et Vergil avanceraient en simultanée vers le même objectif en passant par des voies similaires ou du moins dans la même direction. 

Cette approche permettrait d’innover sans renier la philosophie fondamentale de la série, basée sur la performance individuelle, le style personnel et la confrontation idéologique entre deux visions du pouvoir. Plutôt que de fusionner les styles ou d’imposer une dynamique d’entraide, DMC6 renforcerait l’identité propre de Dante et de Vergil, en poussant chacune de leurs approches au maximum. En faisant de la rivalité un système vivant plutôt qu’un simple thème narratif, Capcom pourrait offrir une évolution ambitieuse et cohérente de Devil May Cry, prouvant qu’il est encore possible d’innover sans dénaturer ce qui fait l’ADN  de la licence.

Un choix stratégique pour Capcom

Dans tous les cas au-delà de l’intérêt narratif et ludique, cette direction représenterait un choix commercial fort. Un opus centré sur Dante et Vergil attirerait immédiatement la fanbase en manque de contenu, générerait un impact médiatique massif et renforcerait l’identité iconique de la licence. Capcom sait que Dante reste l’un de ses personnages les plus populaires et qu’un retour centré sur lui offrirait à Devil May Cry une visibilité comparable à celle obtenue par Resident Evil grâce à ses remakes.

Conclusion

Un Devil May Cry 6 en enfer ne serait pas seulement un fantasme pour nous les fans. Ce serait l’occasion d’explorer enfin l’enfance de Dante et Vergil, de révéler le véritable rôle de Sparda, de développer la mythologie de la saga, d’assumer pleinement l’inspiration de la Divine Comédie et de revenir à l’identité sombre de la série. 

Un tel projet ne se contenterait pas de réitérer des jeux déjà produits : cela pourrait transformer Devil May Cry en une œuvre plus cohérente, capable de marquer durablement l’histoire de la série et d’en définir clairement la suite. Ou qui sait, un remake de la licence est peut-être déjà en préparation.

Un grand merci pour avoir lu l'article jusqu'au bout.

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